Public Services and Procurement Canada
Symbol of the Government of Canada

Institutional Links

 

Important notice

The Guide du rédacteur has been archived and won't be updated before it is permanently deleted.

For the most up-to-date content, please consult Clés de la rédaction, which combines content from the Guide du rédacteur and Clefs du français pratique. And don't forget to update your bookmarks!

Search Canada.ca

6.1 La virgule

La virgule, signe de ponctuation marquant une pause légère, figure peu dans les phrases qui respectent l’ordre normal des mots : sujet, verbe, complément direct, complément indirect, complément circonstanciel. C’est ainsi qu’elle ne sépare pas en principe le verbe de son sujet ni le verbe de son complément. Son rôle est plutôt d’indiquer une rupture dans l’enchaînement habituel des mots de la phrase.

6.1.1 Déterminatif et explicatif

L’analyse comparée des deux phrases suivantes montre que la virgule, par sa présence ou son absence, peut changer complètement le sens d’un énoncé :

  • Les employés qui ont obtenu une mutation sont satisfaits.
  • Les employés, qui ont obtenu une mutation, sont satisfaits.

La première phrase exprime l’idée qu’une partie seulement des employés ont obtenu une mutation et que ces employés sont satisfaits. Ici, la relative restreint le sens de son antécédent; elle est dite déterminative.

La deuxième phrase implique que tous les employés ont obtenu une mutation et qu’ils sont tous satisfaits. La relative dans ce cas est dite explicative. Le complément d’information apporté par ce type de proposition n’a pas toujours la valeur d’une explication; il consiste souvent en une précision, en un simple commentaire, en un renseignement tout à fait accessoire.

6.1.2 Où, dont, que, qui

Les pronoms où, dont, que, qui ne sont jamais précédés de la virgule lorsqu’ils introduisent une relative déterminative. Ils le sont, en revanche, lorsqu’ils introduisent une relative explicative :

  • J’aime les restaurants où l’on peut apporter son propre vin.
  • Le Coquelicot, où j’ai mangé mes premières crêpes Suzette, est l’un de mes restaurants préférés.
  • Le livre dont il s’est servi se trouve à la bibliothèque.
  • Les livres anciens, dont il fait collection depuis plusieurs années, occupent une place importante dans sa bibliothèque.
  • Les tulipes qui fleurissent tôt au printemps sont appelées « hâtives ».
    Les tulipes hâtives, qui fleurissent dès le mois d’avril, font oublier les rigueurs de l’hiver.

6.1.3 Avant que, comme, quand, si, etc.

Les conjonctions avant que, comme, parce que, quand, si, etc., s’enchaînent directement à la principale quand elles introduisent une subordonnée qui fait corps avec la principale (déterminative). Elles sont par contre précédées de la virgule lorsqu’elles introduisent une subordonnée apportant une explication, une précision ou un complément d’information (explicative) :

  • Je ne partirai pas avant que le film soit terminé.
    Il nous faut terminer ce travail au plus tard le 31 mars, avant que commence la nouvelle année financière.
  • Procédez comme je vous l’ai indiqué.
    Il faut beaucoup de doigté pour réussir ce genre d’opération, comme les spécialistes eux-mêmes vous le confirmeront
  • Il est toujours maussade quand il doit étudier.
    Il ira en Europe l’année prochaine, quand il aura terminé ses études.
Remarque

Le rédacteur doit toujours avoir à l’esprit que la virgule peut changer le sens d’un énoncé. Ainsi, les phrases :

  • Je le ferai comme je l’ai promis.
  • Je le ferai, comme je l’ai promis.

expriment deux idées différentes. La première signifie que j’exécuterai ma tâche exactement de la façon convenue. La deuxième implique simplement que je respecterai ma parole : je ferai ce que j’ai promis de faire.

6.1.4 Épithète

L’adjectif épithète peut avoir une valeur déterminative ou explicative, selon qu’il est ou non accompagné de virgules :

  • Les employés mécontents se sont prononcés en faveur de la grève.
  • Les employés, mécontents, se sont prononcés en faveur de la grève.

La première phrase signifie que seuls les employés mécontents se sont prononcés en faveur de la grève. La deuxième signifie que tous les employés sont mécontents et qu’ils se sont tous prononcés en faveur de la grève.

6.1.5 Verbe éloigné du sujet

Certains grammairiens admettent qu’une virgule intervienne entre le verbe et le groupe sujet lorsque ce dernier est d’une certaine étendue :

  • L’ami que j’ai rencontré l’autre jour et par qui j’ai appris le décès de votre père, m’a dit que vous aviez l’intention de voyager.

Les grammaires les plus modernes font toutefois état, dans l’usage actuel, d’une préférence pour une ponctuation plus logique, qui ne sépare pas le sujet et le verbe. À noter que l’on pourrait régler le problème de la longueur dans la phrase ci-dessus en ponctuant ainsi :

  • L’ami que j’ai rencontré l’autre jour, et par qui j’ai appris le décès de votre père, m’a dit que vous aviez l’intention de voyager.

6.1.6 Pronom relatif

Pour signaler que le pronom relatif ne s’applique pas au mot qui le précède directement, des auteurs recommandent souvent de placer une virgule devant le pronom :

  • J’ai rencontré la fille d’un ami, qui est accusée de…

ou d’utiliser un pronom comme auquel ou lequel, plus lourd, mais qui, variant en genre et en nombre, éclaire le sens de la phrase :

  • J’ai rencontré la fille d’un ami, laquelle est accusée de…

Ces solutions ne sont cependant pas toujours satisfaisantes. La meilleure solution consiste souvent à reformuler la phrase.

6.1.7 Apposition

Comme l’apposition apporte une précision ou une explication, elle est souvent détachée du mot auquel elle est accolée :

  • saint Fiacre, patron des jardiniers
  • le chien, meilleur ami de l’homme
  • le lys, symbole de la pureté

Les mots apposés sont encadrés de virgules s’ils sont insérés dans la phrase. Ce genre d’apposition présente la caractéristique d’être mobile dans la phrase. On peut en effet écrire indifféremment :

  • Le directeur du Personnel, Alfred Lapierre, vient de démissionner.
         ou
    Alfred Lapierre, le directeur du Personnel, vient de démissionner.

L’apposition peut parfois avoir une valeur déterminative (voir 6.1.1 Déterminatif et explicatif). Dans ce cas, elle ne doit pas être détachée du mot auquel elle est accolée. Comparons les phrases :

  • Mon frère, Paul, a obtenu une promotion.
  • Mon frère Paul a obtenu une promotion.

La première phrase implique que je n’ai qu’un frère et qu’il s’appelle Paul; la deuxième, que j’ai plusieurs frères, mais que c’est celui qui s’appelle Paul qui a obtenu une promotion.

6.1.8 À savoir, entre autres, notamment, etc.

Ces mots sont toujours précédés de la virgule, car ils apportent une précision, une information complémentaire :

  • Il lui reste encore un formulaire à remplir, à savoir sa demande d’indemnité.
  • Elle n’a pas encore téléphoné, autrement dit elle ne viendra pas.
  • Nous avons l’intention de prendre des mesures prophylactiques, c’est-à-dire des mesures de prévention.
  • Il pratique de nombreux sports, entre autres le tennis et la natation.
  • Le candidat retenu aura une bonne connaissance des langues autochtones, notamment de l’inuktitut.
  • Certains signes, par exemple le point d’exclamation et le point d’interrogation, remplissent dans la phrase une fonction surtout stylistique.
  • Il reste encore trente postes de vacants, soit le tiers.

On remarquera par ailleurs que ces termes et locutions ne sont pas séparés par une virgule des mots qui les suivent directement.

6.1.9 Incidente et incise

L’incidente est un énoncé qui, s’insérant dans la phrase à la manière d’une parenthèse, apporte une information accessoire :

  • Il faut, soyons réalistes, réduire nos dépenses.
  • Elle est retournée sur les bancs d’école, ce qui m’a beaucoup surpris.

Quant à l’incise, elle signale que l’on rapporte les paroles de quelqu’un. Le sujet est alors placé après le verbe :

  • Il vous faut, dit-il, manger plus de fruits et de légumes.
  • Je n’ai aucune conviction politique, a-t-il déclaré.

L’incise et l’incidente peuvent toutes les deux être retranchées de l’énoncé sans nuire au sens de ce dernier. Il faut donc les séparer du reste de la phrase par des virgules.

6.1.10 Élision

Lorsqu’un groupe de mots normalement encadré de virgules fait l’objet d’une élision, on peut soit garder uniquement la deuxième virgule, soit supprimer les deux virgules. Trois possibilités sont donc acceptables :

  • J’estime que, en hiver, il faut absolument aller dans le Sud.
  • J’estime qu’en hiver, il faut absolument aller dans le Sud.
  • J’estime qu’en hiver il faut absolument aller dans le Sud.

6.1.11 Ellipse

L’ellipse consiste à supprimer les mots superflus; c’est un procédé qui permet d’alléger la phrase et de lui donner plus de vigueur. Dans les cas d’ellipse, le rôle de la virgule est de signaler au lecteur — tout comme la pause le ferait à l’oral — que des mots sont sous-entendus :

  • Sa voix était calme et posée; ses gestes, d’une grande précision.

Quand les éléments sont courts, on peut se dispenser d’indiquer par une virgule les mots qui ne sont pas répétés :

  • Dans nos immeubles modernes, l’air est insalubre et l’espace restreint.

6.1.12 Mot en apostrophe

Les mots mis en apostrophe, c’est-à-dire les mots qui désignent la personne ou la chose personnifiée à qui on s’adresse, sont toujours suivis de la virgule quand ils sont placés au début de la phrase, encadrés de virgules quand ils sont intercalés, et précédés de la virgule lorsqu’ils terminent l’énoncé :

  • Je vous prie d’agréer, Monsieur, mes sincères salutations.
  • C’est à l’aube que vous êtes les plus belles, mes chères roses.

6.1.13 Répétition

Quand, en vue d’obtenir un effet d’insistance, on répète un pronom ou qu’on le reprend sous une autre forme, il faut employer la virgule :

  • Nous, nous allons faire une petite sieste.
  • Le poste que vous convoitiez, vous l’avez maintenant.

6.1.14 Complément circonstanciel

L’emploi de la virgule est fonction de la place qu’occupe le complément circonstanciel dans la phrase.

Si un complément d’une certaine longueur est placé en début de phrase, il est en principe suivi d’une virgule :

  • À la fin de son affectation, Françoise prendra des vacances bien méritées.
  • Avec une grande conscience professionnelle, il a exécuté toutes les tâches qui lui avaient été confiées.
  • Sur le plan financier, nous sommes tout à fait démunis.
  • Deux mois plus tard, elle obtenait une médaille d’or aux Jeux olympiques.

Il y a toutefois des cas où, la phrase se lisant d’une seule traite, la pause n’est pas plus nécessaire à l’écrit qu’à l’oral. Tout est affaire de rythme :

  • Tôt ou tard il se rendra à l’évidence.

Si le complément antéposé est très court, comme c’est le cas de certains adverbes employés avec la valeur de compléments circonstanciels, la virgule n’est pas nécessaire, en principe :

  • Ici il fait bon vivre.
  • J’aime lire dans mon lit. Là je suis bien.

Dans la réalité, cependant, il n’est pas rare de voir la virgule indiquée après ces mots : en ralentissant le rythme de la phrase, elle fait ressortir le complément et le renforce. La ponctuation est donc ici affaire de contexte et d’appréciation personnelle :

  • Il se plaint qu’il n’y a pas assez de neige chez lui. Ici, il y en a.
  • J’ai l’intention de m’installer à la campagne. Là, je sais que je trouverai la paix et la sérénité.

S’il y a inversion du sujet, le complément circonstanciel en début de phrase n’est pas suivi d’une virgule, à plus forte raison s’il est court :

  • En 1939 commença la Deuxième Guerre mondiale.
  • Hier sont venus trois clients très pressés.
  • Dans sa chambre règne un désordre épouvantable.

Si le complément circonstanciel est intercalé entre le sujet et le verbe, il est en principe encadré de virgules :

  • Le directeur, demain, prendra la tête d’un autre service.

S’il est placé avant le complément d’objet ou l’attribut, les virgules ne sont pas obligatoires. Elles s’imposent seulement si l’on désire faire ressortir le complément circonstanciel :

  • Le directeur prendra demain la tête d’un autre service.
    Ma tante fêtera, demain, ses soixante-quinze ans.
  • Ces gens arrivent malgré tout à joindre les deux bouts.
    Elle reste, malgré tout, très optimiste.

Si le complément circonstanciel est à la fin de la phrase, comme c’est le cas le plus souvent, il peut parfois être précédé d’une virgule. La virgule permet alors de créer un effet de surprise, de faire rebondir la phrase :

  • Les livres que nous étions censés recevoir il y a deux mois sont finalement arrivés, aujourd’hui.

6.1.15 Adverbes et charnières

Quand il est placé en tête de phrase, un groupe de mots jouant le rôle d’un adverbe est en principe suivi d’une virgule :

  • Très consciencieusement, chacun s’acquitte de ses nouvelles fonctions.
  • À première vue, la nouvelle directrice semble bien sympathique.

Quand l’adverbe figurant en début de phrase est un mot isolé, court ou long, il n’y a pas de règle absolue. En principe, on indique la virgule si la phrase est d’une certaine longueur ou si l’on désire créer un effet d’insistance. On l’omet si la phrase est courte, si elle est déjà abondamment ponctuée, ou si l’on veut accélérer le mouvement :

  • Malheureusement, nous ne pourrons pas vous accorder une subvention dans le cadre du Programme d’aide aux petites entreprises.
    Malheureusement notre demande est restée sans réponse.
  • Évidemment, le technicien n’a pas encore eu le temps de réparer mon ordinateur.
    Le technicien est-il venu? Évidemment non.

On notera que la virgule suit généralement les mots et locutions, comme bref, cependant, certes, donc, en effet, en outre, néanmoins, par ailleurs, toutefois, qui établissent un lien avec ce qui précède et qui contribuent ainsi à la clarté du message. En isolant ces mots charnières, la virgule se trouve à les renforcer et à souligner encore plus rigoureusement l’articulation des idées :

  • Il a été successivement journaliste, animateur de radio et professeur d’art oratoire. Bref, c’est un communicateur-né.

Quand ces mots figurent dans le corps de la phrase, on les encadre de virgules si on veut les mettre en vedette ou si la phrase est longue; on supprime les virgules quand la phrase est courte ou déjà abondamment ponctuée :

  • On vient de m’offrir un emploi très intéressant; les conditions de travail, cependant, me paraissent inacceptables.
  • Je n’ai cependant aucun goût pour ce genre de travail.

6.1.16 Certes, donc, or, jamais, c’est pourquoi

a) Certes

Certes est régulièrement précédé de la virgule lorsqu’il figure à la fin de la phrase :

  • Elle a beaucoup d’années d’expérience à son actif, certes.

Il est suivi d’une virgule en début de phrase lorsqu’il joue le rôle d’une charnière (voir 6.1.15 Adverbes et charnières). Dans le corps de la phrase, il est encadré ou non de virgules, selon la longueur de la phrase :

  • C’est un homme solide et très courageux, certes, mais je doute qu’il puisse surmonter cette nouvelle épreuve.
  • Elle est certes intelligente.

b) Donc

Lorsque donc est employé en tête de proposition, mais à l’intérieur de la phrase, il est précédé d’une virgule ou d’un point-virgule :

  • Il arrive, donc je pars.
  • Je m’en charge; donc, plus de problème.

À noter que c’est pour éviter une accumulation de signes de ponctuation que l’on ne place pas une deuxième virgule après donc dans le premier exemple. Mais, comme mot charnière, il est en général suivi d’une virgule (voir 6.1.15 Adverbes et charnières) :

  • C’est un sujet qu’il a étudié pendant des années. Donc, il sait de quoi il parle.

Donc n’est accompagné d’aucune virgule lorsqu’il sert, à l’intérieur ou à la fin de la phrase, à exprimer l’ironie, la surprise, ou à renforcer une interrogation ou une assertion :

  • Que lui avait-il donc fait ce jour-là?
  • Je le ferai donc.

c) Or

On peut placer une virgule après or si l’on désire appuyer sur la conjonction ou si cette dernière est à la tête d’une phrase assez longue. La virgule se trouve alors à reproduire la pause qui serait, dans pareil cas, observée à l’oral :

  • Or, la directrice ne pouvait pas avoir lu le rapport, puisqu’elle en ignorait l’existence.

Placé au début d’une phrase courte, or peut s’employer sans virgule :

  • Or il se trouve que j’ai raison.

d) Jamais et c’est pourquoi

Si, dans l’usage, la virgule tend à suivre certains adverbes placés en début de phrase, comme les mots bref et certes, elle est remarquablement absente après certains autres. Ainsi, jamais, en tête de phrase, n’est suivi de la virgule que lorsqu’il précède une proposition intercalée :

  • Jamais un chien n’est mécontent de voir son maître.
  • Jamais, a-t-elle dit à son frère, elle ne retournerait àl’école.

Il en va de même pour l’expression c’est pourquoi placée en tête de phrase :

  • C’est pourquoi elle consacre beaucoup de temps à sa famille.
  • C’est pourquoi, s’il le pouvait, il reviendrait sur sa décision.

6.1.17 Adverbe en début de phrase

Les adverbes de liaison ainsi, à peine, aussi, du moins, encore, en vain, peut-être, à plus forte raison, sans doute, etc., ne sont pas suivis de la virgule lorsque le sujet est inversé :

  • Faites vos recherches. Ainsi serez-vous assuré de ne pas vous tromper.
  • On m’apprend que Pierre Levasseur n’a pas pu assister à la réunion. Peut-être a-t-il eu un empêchement.
  • Nous n’avons malheureusement jamais reçu votre lettre. Sans doute s’est-elle égarée.

Dans les cas où ces adverbes ne sont pas suivis d’une inversion, la virgule fait ressortir l’enchaînement des idées et contribue à la clarté de l’expression, tandis que son absence a pour effet d’accélérer le débit, le mouvement de la phrase. La virgule a donc plus souvent tendance à intervenir dans les phrases longues que dans les phrases courtes (voir aussi 6.1.14 Complément circonstanciel et 6.1.15 Adverbes et charnières) :

  • Le consultant n’a pu respecter l’échéance fixée. Ainsi, nous avons dû négocier un nouveau contrat.
  • Ainsi tu pars déjà?

Qu’il y ait ou non inversion du sujet, ainsi n’est pas suivi de la virgule lorsqu’il est employé avec le sens de « de cette façon » :

  • Ainsi parlait Zarathoustra

6.1.18 Adverbe en fin de phrase

Il convient de noter que l’adverbe peut être précédé d’une virgule lorsqu’il est rejeté en fin de phrase. On obtient alors un effet de mise en relief semblable à celui que produiraient les points de suspension :

  • Il a refusé, évidemment.

Le sens de la phrase peut changer du tout au tout selon qu’il y a ou non une virgule devant certains adverbes. Si on écrit :

  • Jérôme est mort naturellement.

c’est-à-dire d’une mort naturelle, on dit tout autre chose que si on écrit :

  • Jérôme est mort, naturellement.

qui veut dire que personne n’est surpris d’apprendre la mort de Jérôme.

6.1.19 Sujet inversé

Dans la langue littéraire, mais surtout dans le style juridique et administratif, il arrive souvent que l’on place le sujet après le verbe, soit pour créer un effet d’insistance, soit parce que le sujet est d’une certaine étendue. Deux constantes se dégagent sur la ponctuation à employer dans ce cas :

Le sujet qui est relativement court, ou qui ne serait pas de toute façon accompagné d’une pause à l’oral, n’est pas précédé d’une virgule :

  • Arriva notre ami Serge.
    Est jugée admissible toute personne répondant aux critères énoncés ci-dessous.
    Sera passible d’une amende quiconque contreviendra au nouveau règlement.

Le sujet qui consiste en une énumération ou en une longue définition, et devant lequel on ferait à l’oral une pause marquée, peut facultativement être précédé de la virgule. Pour plus de clarté, on peut, dans ce cas, juger préférable de passer à la ligne ou de remplacer la virgule par les deux points :

  • Doivent être conservés à la bibliothèque les dictionnaires, les lexiques, les encyclopédies ainsi que tous les autres ouvrages dont nous n’avons qu’un seul exemplaire.
  • Ont accès au Programme de retraite anticipée, les employés excédentaires âgés de 55 ans et plus; les employés comptant un minimum de 30 années de service; les employés excédentaires âgés de 45 ans et plus qui sont à notre service depuis au moins 20 ans.
  • Ont obtenu une promotion : Bruno Lamy, de la Direction du personnel; Charlotte Lefrançois, de la Division de la planification; Maxime Landry, de la Section de la rémunération.

6.1.20 Attribut en début de phrase

On n’emploie pas la virgule quand l’attribut et le verbe sont placés en début de phrase :

  • Lourde est la tâche qu’il s’est vu confier.
  • Longue est la route qui mène au repos.

6.1.21 Complément du nom et complément d’objet

L’antéposition du complément de nom et du complément d’objet, direct ou indirect, n’entraîne pas l’emploi de la virgule :

  • De ma bonne volonté j’ai donné trente-six preuves.
  • À Jacques Lebel est revenu l’honneur de…

6.1.22 Subordonnée en début de phrase

On fait suivre de la virgule les subordonnées placées en début de phrase, notamment celles qui indiquent un rapport de temps, de condition, de but, de concession, de cause, de comparaison, ainsi que celles qui évoquent une addition ou une restriction :

  • Quand on arrive en retard, on se fait réprimander.
  • Pourvu qu’on ne me dérange pas trop, je finirai mon travail à temps.
  • Pour assurer la polyvalence des employés, le directeur leur confie des tâchestrès variées.
  • Bien que les membres du comité aient discuté de cette question pendant trois heures, ils ne sont pas arrivés à s’entendre.
  • Comme nous sommes en période de restrictions budgétaires, nous devons réduire notre personnel.
  • Ainsi qu’il est recommandé, je me protège le plus possible contre les rayons du soleil.

De même, on met toujours une virgule après la subordonnée participiale placée en début de phrase :

  • Doué d’une excellente mémoire, il a obtenu de très bons résultats à l’examen.
  • Ne pouvant plus souffrir la ville, ils se sont exilés à la campagne.

6.1.23 Série de sujets

Lorsque les deux derniers d’une série de sujets sont réunis par et, on ne met pas de virgule entre le dernier sujet et le verbe :

  • Les étudiants, les chômeurs et les assistés sociaux sont au nombre des intéressés.

Cependant, l’usage est fluctuant en ce qui concerne l’emploi de la virgule après le dernier de plusieurs sujets juxtaposés, comme dans :

  • Les étudiants, les chômeurs, les assistés sociaux(,) sont au nombre des intéressés.

Ceux qui préconisent l’emploi de la virgule font valoir que la ponctuation après le dernier élément met tous les sujets sur un pied d’égalité, et rend moins choquant le voisinage éventuel d’un verbe au pluriel et d’un sujet au singulier. Cet usage est toutefois contesté par de réputés grammairiens. Il convient donc de considérer la virgule comme facultative dans ce genre de phrase.

Tout autre est le cas où les sujets constituant la série sont résumés par un mot ou forment une gradation. Dans ce type de phrase, le dernier sujet n’est jamais séparé du verbe par une virgule :

  • Son père, sa mère, sa sœur, son frère, toute la famille était contre elle.
  • La neige, le froid, la glace, l’hiver la déprimait.

6.1.24 Et

Normalement, la conjonction et n’est pas précédée de la virgule lorsqu’elle relie deux termes de valeur équivalente, par exemple deux sujets, deux compléments, deux verbes, etc. :

  • Elles ont acheté des pommes et des oranges.
  • Les agents et les coordonnateurs doivent travailler en étroite collaboration.
  • Il mange et boit beaucoup.

Et s’emploie également sans virgule lorsqu’il réunit les deux derniers termes d’une énumération :

  • J’ai acheté des pommes, des oranges, de la laitue et des épinards.

Dans de nombreux cas, toutefois, il est non seulement permis, mais indiqué de faire précéder la conjonction et de la virgule :

On veut détacher un élément pour marquer une insistance, créer un effet de surprise ou de chute, souligner une opposition ou une conséquence :

  • Ils avaient promis de venir, et ils sont venus.
  • Elle a dit qu’elle détestait son travail à son mari, à ses amis, et à son patron.

Les éléments coordonnés sont longs ou nombreux

  • Notre grande erreur est d’essayer d’obtenir de chacun en particulier les vertus qu’il n’a pas, et de négliger de cultiver celles qu’il possède (M. Yourcenar).
  • La Commission arrivera sans doute à la conclusion que la cogénération est un mode de production d’électricité dont la rentabilité à long terme est difficile à évaluer, et qu’elle ne constitue au fond qu’une nouvelle source de pollution.

La conjonction unit des membres de phrase qui diffèrent par le sujet et il y a un risque d’équivoque :

  • Olivier affectionne le théâtre, et Rita adore le cinéma.

Dans ce dernier exemple, le danger d’équivoque vient de ce que le premier verbe est suivi d’un complément. L’absence de pause devant et pourrait donner à penser qu’Olivier affectionne et le théâtre et Rita. La virgule empêche que le lecteur ne mette sur le même plan des mots qui ont dans la phrase une fonction grammaticale différente. Aussi la virgule n’est-elle pas nécessaire lorsqu’il n’y a pas d’équivoque possible :

  • Les oiseaux gazouillent et les abeilles bourdonnent.
  • Line chante et Suzanne danse.

Le dernier élément est suivi d’un développement qui ne s’applique qu’à lui :

  • Elle avait invité quelques amis, des voisins, et ses vieux parents toujours malades.

La suppression de la virgule devant et pourrait donner à penser que sont toujours malades non seulement les vieux parents, mais aussi les amis et les voisins.

Les éléments coordonnés sont nombreux et distincts

  • Il a des problèmes financiers parce qu’il n’a pas établi de budget et qu’il a trop dépensé, et des problèmes de santé parce qu’il ne dort pas assez.

Et est précédé d’une incise

  • Elle est en vacances, m’a-t-on dit, et ne reviendra pas avant un mois.

On répète la conjonction devant chaque élément d’une énumération pour donner plus de force à l’expression :

  • Et l’équipement, et les ressources, et les locaux sont insuffisants.

Lorsque l’énumération comprend uniquement deux termes précédés chacun de la conjonction et, la virgule n’est pas nécessaire :

  • C’est une employée qui aime et planifier et coordonner.

Lorsque et précède le premier élément d’une énumération comportant plus de deux termes, il est indiqué d’omettre la virgule devant le premier et :

  • Il est allé et à Paris, et à Londres, et à Tokyo.

Cependant, on met la virgule devant le premier et lorsqu’il précède le deuxième élément de l’énumération :

  • Il est allé à Paris, et à Londres, et à Tokyo.

Si l’énumération constitue une apposition, c’est-à-dire si elle a une valeur explicative (voir 6.1.1 Déterminatif et explicatif), on doit mettre une virgule devant le premier élément, et cela même si la série ne comporte que deux termes :

  • Elle a eu le temps de tout relire, et les rapports et les procès-verbaux.

6.1.25 Ou

La conjonction ou suit généralement les mêmes règles que et :

Si ou relie deux éléments de même valeur ou deux propositions très courtes, on ne met pas de virgule :

  • Je lirai une nouvelle ou un roman policier.
  • Il rédige ou il traduit.

Cependant, on place une virgule devant ou quand il unit deux propositions d’une certaine longueur, quand on veut mettre le deuxième élément en relief, ou quand il y a lieu de souligner une opposition, auquel cas ou est souvent renforcé par bien :

  • Si nous ne restreignons pas nos dépenses dès maintenant, nous pourrions être forcés de procéder à des mises à pied d’ici quelques années, ou être amenés à abolir certains de nos programmes.
  • Aucun des bulbes que j’ai plantés l’automne dernier n’a poussé : est-ce à cause du dégel précoce, ou des écureuils?
  • Dans la vie, vous acceptez votre sort, ou bien vous protestez.

Lorsque deux propositions ont un sujet différent, on met la virgule devant ou dans les cas où il pourrait y avoir une équivoque :

  • Selon les années, l’état du marché immobilier favorise les acheteurs, ou la situation économique avantage les vendeurs.

Cependant, si aucun risque de confusion n’est à craindre, la virgule est superflue :

  • En période d’instabilité économique, le taux de chômage augmente ou les taux d’intérêt fluctuent.

Si, dans une suite de deux termes, ou est répété devant chacun des éléments, on ne met pas de virgule en principe :

  • Donnez-moi ou à boire ou à manger.
  • J’irai ou au Mexique ou au Brésil.

Cependant, si on veut souligner l’exclusion d’un des deux termes, ou étant alors souvent renforcé par bien, on emploie la virgule devant la deuxième conjonction :

  • Ou les arbustes pousseront sans insecticide, ou on les remplacera.
  • Elle demandera ou bien un nouveau poste, ou bien une affectation à l’étranger.

Si ou précède le premier élément d’une énumération, il est préférable, tout comme dans le cas de et, d’omettre la virgule devant le premier ou :

  • Il ira ou à Paris, ou à Londres, ou à Tokyo.

Cependant, on met une virgule devant le premier ou lorsqu’il précède le deuxième élément de l’énumération :

  • Il ira à Paris, ou à Londres, ou à Tokyo.

Si l’énumération constitue une apposition, c’est-à-dire si elle a une valeur explicative (voir 6.1.1 Déterminatif et explicatif), on doit placer une virgule devant le premier élément, et cela même si la série ne comporte que deux termes :

  • On se demande ce qui les motive le plus, ou l’appât du gain ou la soif de pouvoir.

6.1.26 Ni

Quand il n’y a qu’un seul ni, on emploie la virgule seulement si les propositions sont d’une certaine étendue ou que l’on désire mettre le dernier terme en vedette :

  • Les élèves ne s’intéressent pas à l’histoire ni à la politique.
  • Ils ne croient pas qu’il faille confier l’étude de cette question à uncomité spécial, ni prendre une décision avant quelques années.
  • Je ne peux l’aimer, ni le détester.

S’il y a deux ni, on applique la même règle :

  • Pierrette ne veut ni d’une carrière ni d’une maison.
  • Pierrette ne veut plus ni de la maison luxueuse dont elle a tant rêvé dans sa jeunesse, ni de la carrière à laquelle ses longues études l’ont pourtant si bien préparée.
  • Les repas qu’on sert à la cafétéria ne sont ni chers, ni savoureux.

Quand il y a plus de deux ni, on doit séparer les éléments par une virgule. Il convient alors d’omettre la virgule devant le premier ni :

  • Il ne connaît ni Pierre, ni Jules, ni Gaston.

Cependant, si le premier ni introduit une apposition, c’est-à-dire une explication ou une précision quelconque, il doit être précédé de la virgule :

  • Elle n’aime rien de ce qui est moderne, ni la peinture, ni la musique, ni l’architecture.

6.1.27 Mais

La conjonction mais est généralement précédée d’une virgule :

  • Ce travail est passionnant, mais il exige beaucoup de concentration.
  • Il a beaucoup de connaissances, mais aucun ami véritable.

Cependant, si mais unit des groupes de mots très courts ou deux mots remplissant la même fonction, on peut supprimer la virgule :

  • Elle est jeune mais très mature.
  • Il est petit mais fort.

Placé en tête de phrase, mais peut être suivi d’une virgule si l’on désire marquer une hésitation :

  • Mais, qu’est-ce qui vous en empêche?

On ne met toutefois pas de virgule après la conjonction mais, placée en début de phrase, lorsque l’on considère qu’elle forme un tout avec les mots qui la suivent :

  • Mais comment peut-il être aussi dur!

Employé dans le corps de la phrase pour souligner ou renforcer une idée déjà exprimée, mais est toujours précédé de la virgule :

  • Il a payé, mais chèrement payé!

6.1.28 Non seulement…, mais

Devant mais, on emploie la virgule :

  • Il rédige non seulement des lettres et des notes de service, mais aussi des discours.

On l’omet devant les mots non seulement, sauf lorsqu’ils introduisent une apposition, c’est-à-dire un membre de phrase apportant une précision ou une explication :

  • Il a consulté tous les spécialistes, non seulement les agents du Ministère, mais aussi des experts du secteur privé.

6.1.29 Car

Comme la conjonction car introduit une explication, une justification, elle est généralement précédée d’une virgule :

  • Les gens économisent, car ils ont peur de perdre leur emploi.
  • Elle a dû renoncer aux travaux d’aiguille, car elle fait de l’arthrite.

Placé devant une proposition intercalée, car est généralement suivi d’une virgule :

  • Marie est très fatiguée, car, bien qu’elle se soit couchée très tôt, elle n’a pas dormi de la nuit.

Comme et (voir 6.3.4 Et après un point), la conjonction car peut s’employer en début de phrase pour établir un lien avec ce qui précède :

  • Je me suis humilié en l’humiliant. Car l’aumône avilit également celui qui la reçoit et celui qui la fait (A. France).

6.1.30 D’une part…, d’autre part

Quand elles sont employées dans le corps de la phrase, les expressions d’une part et d’autre part sont encadrées ou non de virgules selon qu’elles introduisent des éléments longs ou courts, ou selon que l’on désire ou non les mettre en relief :

  • Il s’agit d’une part d’énoncer les règles et d’autre part de les appliquer.
  • Il y aura un procès entre d’une part M. Antoine Leclerc et d’autre part M. Philippe Thériault.
  • Pour améliorer la qualité de vie des habitants de son quartier, le nouveau conseiller municipal a proposé, d’une part, de transformer les terrains vagues en parcs et, d’autre part, de mettre sur pied des programmes d’embellissement.

6.1.31 Soit…, soit; tantôt…, tantôt

Lorsque les mots soit et tantôt sont répétés, on ne met pas la virgule devant la première occurrence du mot :

  • Je m’achèterai soit un ordinateur, soit un motoculteur.
  • Certaines personnes sont tantôt dépressives, tantôt euphoriques.

Cependant, on met souvent une virgule devant le premier soit et le premier tantôt quand ces mots introduisent une incidente à valeur explicative (voir 6.1.9 Incidente et incise) :

  • Ils ont l’intention de se plaindre en haut lieu, soit à leur député, soit au ministre.
  • Il met tout son entourage à contribution, tantôt ses supérieurs, tantôt ses collègues, tantôt ses adjoints.