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6.6 Le point d’exclamation

Le point d’exclamation, qui est un signe essentiellement expressif, marque la surprise, l’étonnement, la crainte, la joie, le regret, etc. Il est assez rarement employé dans la langue administrative.

6.6.1 Place du point d’exclamation

On met un point d’exclamation après une interjection ou une locution interjective employée isolément de même qu’après toute phrase exclamative, introduite ou non par un adjectif exclamatif :

  • Hélas!
  • Par exemple!
  • Encore une réunion!

Quand une phrase commence par une interjection, on met un point d’exclamation après cette interjection ainsi qu’à la fin de la proposition suivante — si cette dernière est exclamative. Comparer :

  • Hourra! Un nouveau photocopieur!
  • Ah non! Il pleut et j’ai oublié mon parapluie.

On répète le point d’exclamation après chaque élément quand une suite de phrases exclamatives sont suffisamment indépendantes les unes des autres :

  • Quel dommage! Quel scandale pour la famille!

Par contre, s’il y a une gradation d’idées, il suffit de mettre un point d’exclamation à la fin de la phrase :

  • C’est si ennuyeux, si regrettable!

6.6.2 Interjections

Lorsqu’une interjection est liée à un autre mot avec lequel elle fait corps, le point d’exclamation est placé après le deuxième terme :

  • Zut alors!
  • Non mais!

Si le deuxième élément exprime une idée distincte, les deux éléments sont séparés par un point d’exclamation :

  • Non! Vraiment!
  • Ah! Ouf!

Lorsque l’interjection est répétée, les possibilités sont infinies, en ce qui concerne tant la répétition du signe d’exclamation que l’emploi de la majuscule : tout dépend de l’effet que l’on veut obtenir. Si l’on veut appuyer sur les interjections, on peut soit les écrire chacune avec une majuscule, soit répéter le point d’exclamation, ou utiliser les deux procédés à la fois. Si l’on veut accélérer le rythme, notamment pour imiter le rire, on peut même supprimer la virgule :

  • Ha! Ha! Ha!
  • Ha! ha! ha!
  • Ha, ha, ha!
  • Ha ha ha!

6.6.3 Entre parenthèses

Pour marquer son étonnement ou son incrédulité, on peut faire suivre un élément de la phrase d’un signe d’exclamation placé entre parenthèses :

  • Il n’y aura pas de compressions budgétaires (!) cette année.

À noter que l’ensemble formé par le point d’exclamation et les parenthèses s’espace comme un mot ordinaire et qu’il n’y a pas d’espace de part et d’autre du point d’exclamation.

6.6.4 Dans les titres

À la différence du point final, le point d’exclamation s’emploie correctement dans les titres, où sa présence peut être exigée par le sens même de l’énoncé :

  • La guerre, yes sir!

6.6.5 Ô

L’interjection ô, aussi appelée ô vocatif, peut servir à interpeller ou à invoquer. Le ô vocatif peut également exprimer un sentiment de joie, de crainte, d’admiration, etc. Dans l’un et l’autre de ces emplois, le ô ne doit jamais être directement suivi du point d’exclamation :

  • Ô Canada!
  • Ô que j’ai hâte aux vacances!

6.6.6 Répétition du point d’exclamation

Le point d’exclamation peut être doublé, triplé et même combiné au point d’interrogation pour exprimer l’incrédulité, l’étonnement. Ce procédé stylistique n’est cependant pas à recommander :

  • Il est parti sans parapluie!!
  • C’est un boucher, et il a peur du sang!!?

6.6.7 Majuscule ou minuscule?

Dans le cas d’une interjection placée en début de phrase, on met une majuscule après le point d’exclamation si l’on veut appuyer sur l’interjection; le point d’exclamation équivaut alors à un point ordinaire. On écrit le mot qui suit le point d’exclamation avec une minuscule si l’on considère que l’interjection constitue l’amorce de la phrase; le point d’exclamation équivaut dans ce cas à une virgule :

  • Minute! Je n’ai pas encore terminé!
  • Minute! mon ami, j’arrive!

Dans les autres cas, on met une majuscule au mot qui suit le point d’exclamation si l’on considère qu’il introduit une nouvelle phrase; une minuscule si l’on estime que la phrase se poursuit. Dans le premier cas, le point d’exclamation équivaut à un point; dans le deuxième, à une virgule :

  • Quel temps splendide! Il faut en profiter!
  • Vive le printemps! la végétation qui renaît!

6.6.8 Le point d’exclamation et les autres signes

Comme le point d’interrogation, le point d’exclamation se confond avec le point final :

  • Elle est allée faire du camping à la baie des Ha! Ha!

Le point d’exclamation, suivi ou non des guillemets, tient lieu de virgule à la fin d’une proposition intercalée, ou avant une incise :

  • J’ai encore, hélas! mal à la tête.
  • « Comme si je n’avais pas assez d’ennuis! » s’est-il écrié.

Certains préfèrent coupler la virgule et le point d’exclamation :

  • Ce fut, hélas!, le mari qui prit les devants (A. Lwoff).
  • « C’est un véritable imbroglio! », dit Philip Wilkes, le défenseur des usagers (Le Nouvel Observateur).

Il convient de considérer les deux procédés comme acceptables; l’important est d’assurer l’uniformité à l’intérieur du texte. Noter, dans le dernier exemple, que le point d’exclamation qui fait partie d’une citation guillemetée est à l’intérieur des guillemets. S’il fait partie de la phrase principale, il se place à l’extérieur des guillemets (voir aussi 7.2.3 Phrase complète) :

  • Ne me dites pas qu’elle est encore« épuisée »!